Décès : Philippe Sollers

L’homme à flammes

« Les Éditions Gallimard ont la grande tristesse de faire part du décès de Philippe Sollers » a annoncé son éditeur dans un communiqué, confirmant une information du Figaro.

Habitué des plateaux de télévision et des prix littéraires, il était considéré comme une figure de la scène littéraire française et du Tout-Paris depuis plus d’un demi-siècle. Il est né Philippe Joyaux, dans la bourgeoisie bordelaise, le 28 novembre 1936 et ne fut pas le seul à estimer rapidement qu’il était un diamant. D’après le journal Libération, c’est même pour ça qu’il décida de s’appeler Sollers.

On lui doit plus de 80 romans

Ces livres sont de facture classique ou d’avant-garde. Il a été un chef de file dans le domaine des idées neuves, sans avoir peur de se tromper, car derrière son inaltérable sourire narquois, son fume-cigarette et ses fameuses bagues, se cachait un Philippe Sollers aux mille masques, dont le plus durable fut celui de la contradiction.

⦁ Il publie son premier roman, « Une curieuse solitude », à l’âge de 22 ans. L’œuvre est adoubé par Louis Aragon, qui dira du jeune écrivain que « le destin d’écrire est devant lui, comme une admirable prairie. »

⦁ Son deuxième ouvrage, « Le Parc », recevra le prix Médicis en 1961.

⦁ Écrivain provocateur, Sollers a également été un homme de revue. Il a notamment confondé « Tel Quel » au printemps 1960, avec son compère Jean-Edern Hallier.

⦁ Il atteint ensuite la notoriété publique avec son roman "Femmes" en 1983.

« Scandaleux et religieux »

Laboratoire poétique et théorique, l’œuvre de Sollers se porte à l’assaut, à contre-courant des ignorances et des oublis de notre temps. Lors de ses dernières apparitions à l'écran, l'écrivain marchait en s'aidant d'une canne. Début 2019, il avait d'ailleurs déclaré : « Je cours peut-être moins vite mais je pense plus vite. » Une note d'humour qui caractérisait bien Philippe Sollers.

Une tête de moine paillard avec un rire rabelaisien. Philippe Sollers s’est toujours amusé de ses propres sorties, surtout quand elles agaçaient les autres. Parce que Dieu n’existe pas, ou au contraire parce qu’il existe, il s’est défini comme « scandaleux et religieux » dans l’un de ses derniers livres, Légende (2021). La mort de Philippe Sollers touche intimement toute une génération. Cet invité si familier de Bernard Pivot à « Apostrophes », dans les années 1980-1990, était plus qu’un écrivain, une figure qui faisait partie de nos vies...

Selon sa volonté, une messe catholique sera célébrée avant un enterrement très intimiste à Ars-en-Ré en Charente-Maritime.