Carnet : Jean-Pierre Jabouille

Le grand blond a quitté la piste

Encore une triste nouvelle dans le monde du sport automobile français, après l'ancien pilote de F1 Philippe Streiff et également Patrick Tambay, Jean-Pierre Jabouille vient de nous quitter à l'âge de 80 ans.

C’était un temps déraisonnable. Une époque où nombre des pilotes mourraient en course. De ce temps, lorsqu’on lui demandait ce qu’est un bon pilote, Alain Prost répondait : « que c’est un pilote vivant ». Jean-Pierre Jabouille était son mentor et l’un des survivants.

Déraisonnable ? Il ne l’était pas tant. Le pilote était opiniâtre, et souvent, malchanceux. Mais peu de malchanceux peuvent afficher un tel palmarès :
⦁ 2 Victoires en F1
Premier vainqueur en F1 pour Renault lors du Grand Prix de France 1979, sa victoire fut quelque peu éclipsée par la bataille pour la deuxième place, le fameux duel entre Gilles Villeneuve et René Arnoux.
⦁ 55 courses dans la discipline reine et 4 podiums aux 24h du Mans.

Jean-Pierre Jabouille débuta en 1966 sur une Alpine berlinette (A110) à la course de côte du Mont-Dore, mais se tourna aussitôt vers la Coupe Gordini. Grand ami de Jacques Laffite (qui est aussi son beau-frère), Jean-Pierre Jabouille préparait lui-même sa R8-G avec l'aide de son compère. Il était alors vendeur chez Roger Loyer, le grand spécialiste parisien de la voiture de sport d'occasion, ce qui lui facilitait la tâche...

⦁ En 1968, il est présent sur quelques courses de voitures de sport, dont les 24 heures du Mans (épreuve qu'il courra à treize reprises).
⦁ En 1972, il participe au championnat d'Europe de F2 et décroche un podium, à Mantorp Park en Suède. C'est en 1974 qu'il va remporter sa première course à Hockenheim.
⦁ C'est en 1974 qu'il est engagé pour la première fois en F1. Il court pour Iso, puis pour Surtees, mais sans réussir à se qualifier. Il est engagé par Tyrrell pour le Grand Prix de France. Qualifié en vingt-et-unième position, il termine la course à la douzième place.
⦁ En 1976, Jean-Pierre remporte le championnat d'Europe de F2 en ayant remporté trois victoires.

La Renault RS01 turbo est vite surnommée « la théière jaune » en raison de sa couleur mais surtout de sa propension à faire exploser son moteur dans un nuage de fumée blanche.
⦁ En 1977, Jean-Pierre revient en F1 avec une Renault RS01 avec un moteur turbocompressé. Jean-Pierre a participé depuis le début à la mise au point de ce projet. Les débuts seront difficiles, la voiture n'étant pas fiable, devenant pour les anglais "the yellow tea-pot" (la théière jaune).
⦁ En 1978, il participe à sa première saison entière, mais la voiture abandonne fréquemment sur casse moteur. Jean-Pierre réussit tout de même à terminer quatrième aux Etats-Unis.
⦁ En 1979, il réussit à décrocher la pole-position à Kyalami. Et lors du Grand Prix de France, Jean-Pierre remporte sa première victoire en F1, qui est également la première pour un moteur turbo.
⦁ En 1980, il n'a pas plus de chances, il ne sera classé que deux fois, dont le Grand Prix d'Autriche où il décroche une deuxième victoire. Au Canada, il est victime d'un accident où il se casse une jambe. Il revient l'année suivante avec Ligier, dispute trois courses sans succès, avant de raccrocher de la F1.

Jean-Pierre Jabouille prendra la direction de Peugeot Sport, avant de créer sa propre écurie d'endurance, Jabouille-Bouresche Racing.

Un Vibrant Hommage

Le quadruple Champion du monde français, Alain Prost a salué la mémoire de son ami Jean-Pierre Jabouille. Le « Professeur » a déclaré : « Tu as été un vrai ami et aussi un mentor à mes débuts. Tes conseils et tes analyses m’ont été très précieuses.  Le sport automobile français te doit beaucoup, a-t-il ajouté. Tu méritais beaucoup plus. On doit et on va se souvenir de toi comme un pionnier, un homme doté d’une franchise et une sincérité remarquables. Je t’embrasse… » Tout Le sport automobile adresse ses sincères condoléances à sa famille, à ses proches.

Une voiture fiable, c'est ce qui aura énormément manqué à Jean-Pierre Jabouille en Formule 1. Ce qui ne l'empêche pas de compter parmi les meilleurs pilotes français. C’est toute une génération de l’époque dorée de l’équipe de France de Formule 1 de la fin des années 70 et 80 qui, peu à peu, sont sur la grille des départs...