Carnet : François Hadji-Lazaro
Pièce maîtresse du rock alternatif français
Nous ne le croiserons plus au bistrot devant un verre de rouge, habillé de ses éternelles bretelles aux dessins improbables. Pigalle en reste sans voix, le leader du groupe du même nom et des Garçons bouchers, François Hadji-Lazaro, a cassé sa pipe à 66 ans, après avoir marqué l'histoire de la scène alternative rock française.
Une responsable de sa maison de disques Universal France a confirmé la triste nouvelle, l’information a été relayée par le journal La Provence. Le chanteur « avait des problèmes de santé depuis quelque temps » il est décédé à l'hôpital d'une septicémie, a précisé son proche collaborateur et saxophoniste, Stef Gotkovski, louant « un musicien hors pair, et très créatif ».
Jusqu’à une vingtaine d’instruments
Fils de militants communistes, « le parigot » né en 1956 dans le XVeme, quartier alors encore populaire, se destine d’abord à une carrière d’instituteur. Jusqu’à ce que sa passion pour la musique prenne le dessus. Loin des déflagrations électriques, la découverte, à l’adolescence, de Bob Dylan le convertit à la verve acoustique du folk.
Après s’être mis à la guitare sèche, l’autodidacte se forme à une instrumentation fleurant bon la campagne américaine, celtique, auvergnate, méditerranéenne… Banjo, dulcimer, violon, accordéon, vielle à roue, cornemuse, flûte, mandoline, bouzouki : le chanteur maîtrisera jusqu’à une vingtaine d’instruments qui lui serviront, tout au long de sa carrière, à varier les ambiances de ses disques comme de ses concerts.
Figure charismatique du punk français
⦁ Sa voix gouailleuse de titi parisien restera attachée pour le grand public au tube des années 1990, « Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs », chronique des rades de la capitale. « Nous revendiquons nos racines françaises même si le rock fait partie de nos racines : on aurait tort de rougir de la chanson française », déclarait-il en 1988 à l’AFP.
⦁ Il fondera également les Garçons Bouchers, auteur de l’anti-tube de l’été « La Lambada on n’aime pas ça » (1990) et d’une reprise punk de « Viens voir les musiciens » du célèbre Charles Aznavour.
⦁ Ces dernières années, l’ancien instituteur, père de deux enfants, s’était mis à décoiffer le jeune public, avec des livre-disques et des spectacles, intitulés notamment « Pouët » (2016) et « Atchoum » (2018).
On ne reverra plus sa silhouette, ronde, imposante, impressionnante. Sa gueule de tendre voyou au cœur d’or qui ne tournera plus la manivelle de sa vielle à roue, ou tirer le soufflet de son accordéon. Le gros, comme le surnommaient ses potes, s’en est allé. Lui, qui a souvent interprété la reprise tonique d’« Il faut que je m’en aille », du chanteur franco-néo-zélandais Graeme Allwrigh est parti trop tôt...
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