Décès : Rudolf BRAZDA
Hommage au dernier triangle rose déporté, Rudolf Brazda, à Paris le 28 septembre. Son histoire racontée depuis Bantzenheim.
"Rudolf s'est endormi paisiblement dans son sommeil à l'aube du 3 août, il résidait depuis juin dans un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes, à Bantzenheim (Haut-Rhin)", a précisé son entourage. Le quotidien Dernières nouvelles d’Alsace nous apprend qu’un hommage sera rendu à Paris le 28 Septembre au dernier « triangle rose » déporté.
Rudolf Brazda est le 8eme et dernier enfant de parents originaires de Bohème et venus s'installer en Saxe pour raisons économiques : son père travaille dans les mines de lignite avoisinantes. Il fait la connaissance de Werner, son premier compagnon au début des années 1930. Puis, en 1939, il rencontre Anton son nouvel ami, avec lequel il loge à la même adresse. Au début de l'année 1950 lors d’un bal, il rencontra Édouard, son futur compagnon de vie.
Le travail forcé, la mort omniprésente, les coups, les vexations...
A l’annonce de son décès, presque la totalité des médias rappela son homosexualité, une orientation sexuelle qui aura défini l'histoire de sa vie.
Né en 1913 en Saxe (Allemagne) dans une famille tchèque germanophone, Rudolf prend conscience de son homosexualité comme "une disposition naturelle qu'il accepte comme telle, conscient d'avoir eu la chance d'avoir toujours eu un compagnon à ses côtés", racontait-il.
En 1937, il est condamné à six mois de prison pour "débauche entre hommes", puis expulsé vers la Tchécoslovaquie où il est à nouveau jugé et condamné par pour le même type de faits, cette fois à 14 mois de prison. Cette peine purgée, Rudolf, considéré comme un récidiviste, est interné au camp de concentration de Buchenwald. Rudolf Brazda survécut à 32 mois d'enfer dans ce camp, grâce à son amitié avec un kapo communiste et à "un peu plus de chance que les autres".
Il choisit de vivre en Alsace.
Le drame des "Triangles roses" est resté méconnu jusqu'à ce que, à partir des années 1980, une pièce de théâtre, des livres et des films commencent à évoquer la question. En mai 2008, l'Allemagne inaugure solennellement, au coeur de Berlin, un monument à leur mémoire, les organisateurs expliquent que ce drame ne compte plus aucun témoin vivant mais Brazda sortira du silence un mois plus tard, lors de la "Gaypride" berlinoise où il est l'invité d'honneur. Pour perpétuer la mémoire, il est têtu, pardon, vêtu d'une chemise rose, il dépose une fleur au pied du nouveau mémorial, en présence du maire de la capitale allemande Klaus Wowereit, gay lui aussi.
Rudolf Brazda est décédé quatre mois après avoir été fait chevalier de la Légion d'honneur. Les obsèques de cet homme d'origine tchèque naturalisé français en 1960 se déroulèrent à Mulhouse.
Conformément à son testament, sa dépouille sera incinérée et ses cendres déposées à côté de celles de son compagnon de vie de plus de 50 années, Edouard Mayer.
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