Avis mortuaire : Maurice Duverger
Inhumation de Maurice Duverger
Pour un grand nombre de lecteurs du journal Le Monde et toute une génération d’étudiants en Sciences Po ou en droit, Maurice Duverger était une référence, un modèle qui les poussait à la réflexion et les stimulait à la politique. Maurice Duverger est décédé dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 décembre. Il avait 97 ans. Chroniqueur au journal fondé par Hubert Beuve-Méry durant un demi-siècle, il était surtout le « leader » de la science politique française à laquelle il accorda ses lettres de noblesse, dans les années 1950.
Né à Angoulême le 5 juin 1917, l’ancien député européen (1989-1994), Maurice Duverger, élu indépendant en Italie sur la liste du Parti communiste (PCI), sera inhumé au cimetière du Tholonet (Bouches-du-Rhône), le 29 décembre.
Il discutait de la vie publique dans divers revues et journaux
Issu d’une famille modeste par son père, mais bourgeoise par sa mère, Maurice a étudié au collège catholique Grand-Lebrun. Il a été attiré par la politique dès son plus jeune âge. Fin 1933, alors âgé de 16 ans, il adhère à l’Union populaire de la jeunesse française, dont il deviendra le responsable à Bordeaux en 1937. Il est par la suite nommé secrétaire de la Fédération du sud-ouest des jeunes doriotiste du Parti populaire français. « Tout cela était idéaliste et irréaliste. J’avais vingt ans » écrivait-il dans un livre de souvenirs « L’Autre côté des choses » en 1977.
Étudiant en droit à Bordeaux, Duverger est agrégé en 1942 de la faculté de droit, puis devenu professeur à la Faculté de droit de Poitiers la même année ainsi qu’à celle de Bordeaux en 1943, et également à celle de Paris, à la faculté de droit et des sciences économiques de 1955 à 1985.
Outre sa carrière d'universitaire, il discutait la vie publique dans divers revues et journaux. Alors qu’il vient de fonder l’IEP de Bordeaux en 1946, il publie ses premières chroniques dans Le Monde après avoir été recommandé au fondateur du quotidien, Hubert Beuve-Méry. Ils ont dès lors noué des relations étroites qui ont conduit Maurice à s’engager fermement aux côtés de Beuve-Mér lors de la crise qu’a traversée le journal en 1951. Il était également collaborateur de L'Express de 1954 à 1965, puis celui du Nouvel Observateur, et éditorialiste des quotidiens espagnol et italien, dont « Corriere della Sera » et « El Pais ».
Maurice était commandeur de l'ordre national du mérite et grand officier de la Légion d'honneur
Cette large activité journalistique ne l'a pas empêché d'être l'auteur d'une œuvre abondante. Ancien professeur expérimenté à la Sorbonne en 1969, ce juriste passionné par le commentaire et l'analyse était l’auteur d'une trentaine d'ouvrages traduite en une vingtaine de langues. Des manuels d’enseignement supérieur notamment « Institutions politiques et droit constitutionnel » ou encore « la Cinquième République » et des essais politiques, Maurice Duverger a également publié plusieurs livres de vulgarisation tels que « Les Régimes politiques » ou encore « La Cohabitation des Français ».
Dès la sortie de son premier livre : « La Constitution de la France » en (1944, Duverger est partisan du dualisme droite-gauche et de l'alternance, moyen, selon lui, d'accéder à une vraie démocratie et non pas une « démocratie sans le peuple". Il était deux fois candidat à l'Académie française (1978 et 1987).
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