Décès : Marcel Amont

Son énergie solaire et son humour indéfectible l’ont rendu très populaire

Vedette du music-hall connu pour de nombreux tubes comme "Bleu, blanc, blond", Marcel Amont est décédé à l'âge de 93 ans, selon un communiqué de sa famille. Le chanteur s'est éteint à son domicile, à Saint-Cloud (Ouest de Paris).

L'artiste bondissant et show-man fantaisiste, aux 75 années de carrière

D'abord destiné à épouser une carrière de professeur d’éducation physique, Marcel Miramon, de son vrai nom, originaire du Béarn, a vécu plusieurs vies sur scène et côtoyé les plus grands "C'est déjà pas si mal de donner le sourire aux gens", reconnaissait-il volontiers.

Après une "montée" à la capitale en 1950, il arpente les cabarets, "J'avais envie de faire le zigoto, de me donner en spectacle. Mon père disait à ma mère que j'étais fou".
En 1956, son premier disque reçoit un Grand prix de l'Académie Charles-Cros et il fait la première partie d'Edith Piaf à l'Olympia.

« Bleu, bleu, le ciel de Provence... »

Quand on pense à Marcel Amont, les paroles de la chanson "Bleu, blanc, blond" viennent tout de suite en tête. L'accent méridional de l'artiste disparu pouvait même laisser croire qu'il était provençal ironise le Journal La Provence. Mais non, Marcel Amont était bien originaire de la vallée d'Aspe dans le Béarn et son tube "Bleu, blanc, blond" vient... des Etats-Unis ! En effet, c'est dans un taxi, à New York, dans les années 50, que le chanteur entend un air simple et efficace "True, true, hapiness", une chanson interprétée par Johnny Tillotson. La mélodie est trouvée, il ne reste plus qu'à écrire des paroles. Le titre est enregistré en 1959. Les paroles qui sentent bon la Provence et la simplicité de la mélodie font de cette chanson l'un des plus grands succès de Marcel Amont.

En 1975, Marcel n’est pas au sommet de sa gloire, il passe de moins en moins souvent à la radio, ses tubes, « Bleu, blanc, blond », « Le Mexicain » (1962), sont derrière lui. Heureusement, grâce à ses tournées dans le monde entier, il gagne encore très bien ma vie. De jeunes interprètes talentueux, comme Michel Delpech, Joe Dassin ou Dave, tiennent désormais la vedette sur les ondes, mais c’est lui que Coquatrix vient chercher pour monter un spectacle à l’Olympia.

« Brassens, il m'aimait bien, il m'avait à la bonne »

Par chance, en 1971, « L’amour, ça fait passer le temps » est un tube et le relance : un million de disques vendus. Un chagrin d’amour lui brise le cœur. Moral en berne le petit Béarnais, ne connais pas de meilleur remède que de se réfugier chez son copain Georges Brassens, poète au grand cœur. « Toi, tu es un chanteur pour noces et banquets améliorés et tu vaux mieux que ce que tu chantes » lui disait Brassens.

« Brassens, il m'aimait bien, il m'avait à la bonne et un jour où je traversais une période difficile, il me chante « Le chapeau de Mireille » et me dit : « Elle te plaît ? » Je lui réponds que oui et Georges dit : « Ben voilà, je te la donne. » C'est ainsi que j'ai hérité de cette chanson. »

Sur sa propre carrière, le chanteur avait gardé un certain recul

En participant à la tournée Âge tendre, qui regroupe des artistes marquants des dernières générations, les ex-stars des sixties et seventies font le plein et, entre Sheila et les Rubettes, Il déclarait : "Là, on n’est pas des ringards, comme certains disent, mais des « has been ». Certains de mes compagnons de route ne s’en remettent pas. Mais être un has been, c’est déjà pas mal. Cela veut dire que vous avez été quelqu’un", confiait-il au Journal Le Parisien.

Il avait sorti un album, Par-dessus l’épaule, en 2018. Il était également passé par la case cinéma, avec un petit rôle aux côtés de Brigitte Bardot dans La mariée était trop belle (1956), ainsi que dans des téléfilms, jusqu'en 2014. 

S'il était incontestablement l'une des légendes du patrimoine musical français, du haut de ses 93 printemps, Marcel Amont était le plus vieux chanteur encore en activité. Place qui revient désormais à Hugues Auffray (né quelques mois plus tard). Ses chansons seront toujours là pour nous transmettre sa fantaisie, son panache et son rêve en bleu bleu bleu.
Chapeau (de Mireille) l’artiste !